samedi 5 mai 2018

La maison de Serge Binotto, collaborateur de Jean Pouvé, classée

Nouvel article, cette fois dans Le Parisien, consacré à la maison conçue par Serge Binotto pour ses parents à la fin des années 60 à Mirepoix (le centre du monde, ma famille étant de Mirepoix) en Ariège. Cette maison était restée longtemps cachée de tous, c'est avec la construction d'une déviation et d'un rond point monstrueux que la maison s'est révélée aux yeux de tous.

La maison ronde de Mirepoix, construite selon les techniques du célèbre architecte et designer Jean Prouvé, restera sur son site d’origine. Son classement aux monuments historiques a été voté en commission régionale en avril dernier, au grand soulagement de ses défenseurs de l’association Maison ronde. Pourtant, son avenir reste incertain.

Un bâtiment unique au monde

L’auteur de ce bâtiment unique au monde est l’Ariégeois Serge Binotto. L’enfant du pays, de retour depuis sa retraite du Conservatoire National des Arts et métiers, fut l’élève puis le collaborateur pendant douze ans de Jean Prouvé à Paris. Il a dessiné en 1968 cette maison pour ses parents : simple à assembler et économique, pas un seul de ses 100m² n’y est perdu. Cachée derrière des sapins, au bord d’un rond-point situé à l’entrée de Mirepoix, l’habitation aux allures de Meccano géant fait figure d’ovni au milieu des autres maisons. Avant-gardiste pour l’époque, de par sa forme cylindrique tronquée au niveau de la terrasse, elle est composée de panneaux de métal émaillé préfabriqués, assemblés par des boulons. Elle a inspiré Total, qui a commandé une centaine de stations-service sur ce modèle, dans les années 1970. Il n’en demeure aujourd’hui que quelques exemplaires, à Nantes ou encore Marseille.

Un antiquaire parisien voulait la démonter

Serge Binotto a monté lui-même la maison avec trois proches, en à peine deux mois. Ses parents y ont vécu trente-cinq ans. Après l’avoir habitée à son tour, l’architecte ariégeois l’a vendue en 2010 à une artiste « deux fois moins cher que son estimation. Je pensais qu’elle en ferait son atelier, mais elle l’a revendue plus cher à un antiquaire parisien, sans le terrain, en mettant en avant sa conception Jean Prouvé », raconte Serge Binotto, 79 ans. Au printemps 2017, il s’aperçoit que la maison est en train d’être démontée pour rejoindre une galerie, sans permis de démolition. Les architectes des Bâtiments de France interviennent pour stopper le chantier, ainsi que la vente. Mais la bâche de la toiture ayant été ôtée, l’eau s’est infiltrée, causant des dégradations à l’intérieur. Malgré les mesures de consolidation d’urgence, la maison continue de se détériorer.

A la recherche de mécènes

Pour assurer sa rénovation et sa sauvegarde, l’association Maison ronde est à la recherche de mécènes. Des fondations d’entreprises ont déjà exprimé leur intérêt. « Nous avons un acquéreur à Mirepoix, prêt à mettre une partie de l’année la maison à disposition de l’école d’architecture de Toulouse et de projets culturels, comme des expositions. Mais le prix de vente demandé est trop élevé. C’est un vrai imbroglio financier », explique Julie Porte-Trauque, membre de la Maison ronde et architecte. De son côté, Serge Binotto sait qu’il ne maîtrise rien de l’avenir de la maison qui ne lui appartient plus. Il dessine toujours, mais pour des sculptures et des meubles en marbre antique.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire